Ludovic Hadjeras et Alexandre Caretti sont deux jeunes artistes sortis récemment de la Hear. Il sont les organisateurs d’une expérience-résidence qui s’appelle « La vie est un long fleuve de sport d’équipe ». Ils tentent de mettre en place un système d'échange en forme de jeu de rôle qui s’organise en trois compagnies (la compagnie du silex, la compagnie du grenier et la compagnie du lac).

L'invitation pose les bases du jeu. Il s'agit des règles minimum pour commencer un jeu grandeur nature. Le seul contrat tacite c’est de rester dans le jeu, tout le reste est discutable.Une dizaine de jeunes artistes sont invités à y participer. La sélection des participant·es est un point qui a fait débat. Ludovic et Alexandre ont l'intuition que les énergies contradictoires peuvent être motrices de quelque chose. Il faut alors choisir un minimum. Cela leur permet d’inviter des membres dont ils connaissent les affinités pour s’investir dans les groupes. Ils y trouvent une forme de redistribution de l’autorité, car Alexandre et Ludovic jouent aussi, ils n’ont pas envie d’occuper cette place et ne s’y sentent pas légitimes. Ils tentent de créer un équilibre des personnalités dans le groupe. Leurs critères de sélection c’est : 1) des gens qui s’investissent dans le jeu, 2) avoir envie de faire fonctionner une communauté.

Pour avancer dans le jeu il faut échanger des biens. Il est établis dans l'invitation que les oeuvres produites pendant la résidence servent de monnaie. Pour organiser un système d’interactions, il faut bien établir une monnaie d’échange.

Les partcipant·es se répartissent par tirage au sort dans les différentes compagnies qui s’occupent de trois ressources indispensables (la nourriture pour le grenier, l’électricité pour le silex, l’alcool pour le lac). C’est une façon de diviser les responsabilités.

Le moteur de la résidence s'articule autour des conflits, de la compétition positive. Il s'agit d'une stratégie immersive, pour se mettre dans le jeu afin de chercher la friction. Et pour que le jeu s'emporte il faut créer des situation de tensions véritable.

Chaque jours, les compagnies se réunissent pour les marchés ou les ventes aux enchères. Ces moments servent non seulement à réaliser des transactions, à les rediscuter mais aussi à parler de la structure même du jeu. Les règles sont tellement changeantes et organiques qu’elles deviennent des endroit de fissures pour tourner le jeu à son avantage. La dynamique du jeu c’est alors de combler ces fissures.

Il s’agit d’un contrat ouvert, le but du jeu c’est aussi de le construire en même temps qu’on y joue. Et il faut ménager de la place durant le jeu pour que cela puisse ce passer.