Soeur Jean-Thérèse est la Prieure du monastère des dominicaines d’Orbey. Pour situer un peut plus précisément le monastère des soeurs dominicaines il faut déjà distinguer le monastère, du couvent et de l’abbaye.
Le couvent est un lieu duquel les religieux·ses peuvent sortir. Ce n’est pas le cas du monastère, qui est un lieu de recueillement à l’écart du monde. L’abbaye est un grand monastère placé sous la direction d’un·e abbé·esse.
Ensuite, les religieux·ses appartenant à l’ordre dominicain sont des prêcheureuses, c’est à dire qu’iels sont proches du peuple et qu’iels répandent la parole de Dieu. L’ordre dominicain appartient à l’ordre des mendiants. Les dominicain·es vivent chichement grâce à la charité des fidèles. En principe, cet ordre refuse la propriété individuelle et collective et les dominicain·es font voeux de pauvreté pour mieux se consacrer leur vie à leur vocation religieuse.

Le monastère de la Prieure Soeur Jean-Thérèse est dominicain mais la communauté est contemplative et non prêcheuse. Les soeurs ne sortent presque pas du monastère et occupent leurs journées à la prière, la liturgie, l’étude et la contemplation.

La communauté à plusieurs petites activités rémunérées. Il y a une des soeurs qui à écrit un livre. Depuis ses 40 ans et pendant 30 ans elle a réalisé des recherches sur les maîtres rhénans Eckart et Tauler. Une autre soeur fait des traductions. La vente de cartes postales leur rapporte également un peut d’argent. Elles ont eues d’autres activités qui se sont peu à peu perdues comme la fabrication de chapelets. Elles ont eu un atelier de confection de vêtements liturgiques mais il n’y a plus trop de demande. Les nouveaux prêtres ordonnés vont s’habiller à Rome, des techniques plus anciennes s'y emploient encore , c’est à la mode d’être comme dans le temps.

Au début, les soeurs vendaient des petits gâteaux. La prieure certifie qu’aujourd’hui encore à Orbey, certain·es vieuxeilles racontent les visites de leurs enfances au monastère pour aller chercher les petits gâteaux des bonnes soeurs. Cette activité est aujourd’hui abandonnée au profit de l’accueil monastique, qui est leur gagne-pain principal. Il s’agit d’accueillir des gens qui manifestent l’envie de faire des retraites spirituelles. Les soeurs leurs proposent un logement et un accompagnement dans les moments de prières. Cette prestation est à prix libre en fonction des capacités de chacun·e. Cela tournait bien jusqu’en 2010, et puis il y a une chute de fréquentation et ça a repris il y a trois ans. Au début de l’accueil, il y avait souvent des groupes de jeunes pour la préparation de leur communion, il y avait des groupes aussi les mercredis. Les choses sont de plus en plus compliquées et les enseignant·es ne veulent plus s’embêter avec l’administratif. Il y aurait eu une rupture de la transmission religieuse à partir de mai 68. La communauté compte également sur leurs pensions. Les années 70 marquent le début des cotisations, y comprit pour les soeurs. Elles ont une caisse religieuse, c’est le régime CAVIMAC (Caisse d’Assurance Vieillesse, Invalidité et Maladie des Cultes). Toutes les ressources atterrissent dans une caisse commune et les soeurs essayent de vivre avec le moins d'argent possible.

La communauté est une personnalité civile morale, c’est une association à but non lucratif dont la mission est de de subvenir au besoin du monastère. Elle a la capacité de recevoir des legs ou des héritages (avec l’accord de la préfecture). Cela se nomme « un apport à l’association ». Cela veut dire qu’il peut toujours être retiré , pour permettre à la communauté de ne pas être répertoriée comme une secte. Les soeurs qui nécessitent des soins ou bien qui vont en maison de retraite par exemple, utilisent l’argent de leurs héritages qu’elles retirent du pot commun, en quelque sorte c’est de l’argent qui leur appartient malgré tout. Elles ont besoin d’un stock de deux ans environ pour pouvoir vivre. Chacune est libre d'offrir son héritage à la communauté ou non.

Dans la vie quotidienne, elles n’utilisent pas d’argent sauf pour aller faire les courses au village. En ce qui concerne les vêtements, elles les adaptent à leurs activités, par exemple elles sont habillées de la même manière au repas et à la liturgie. Elles ont une économie communautaire, mais pas pour les habits ! Certains monastères seraient allés jusque là, c’est à cause de Saint Augustin qui à écrit quelque part qu’il faut mettre les habits en communs.

Elles sont actuellement neuf dans la communauté. Elles s’y répartissent toutes les tâches. Chacune se voit attribuer une tache durant une semaine, la semaine suivante la répartition change. Elles travaillent toutes pour « l’entreprise » qu’est l’accueil.

Un gouvernement au seins de la communauté est nécéssaire car une société ne peut pas vivre sans chef. Elles sont un gouvernement plus que démocratique, elles ne se satisfont pas de la majorité, leur objectif c’est l’unanimité. Alors elles organisent souvent des réunions de communauté dans lesquelles elles discutent de toutes les décisions à prendre. Par exemple, pour remplacer le chauffage au fuel par une chaufferie à granules de bois, elles ont mis un an pour se mettre réellement d’accord. Dans les réunions la prieure organise et répartie la parole. Elle planifie les tâches. Elle a une vision d’ensemble sur ce que chacune fait. Elle est également responsable de la vie contemplative et spirituelle des soeurs. Son rôle c’est un peut comment trouver une unité.

Dans le gouvernement de la communauté il y a donc :
La prieure (élue par la communauté pour 3 ans avec possibilité d’une seule réélection, l'élue n'aura pas candidaté le reste de la communauté la choisie spontanément )
La sous-prieure
La soeur économe (qui est en charge de la comptabilité, les histoires de sécurité sociale)
La maitresse des novices (c’est la formatrice des soeurs novices)
La soeur bibliothécaire
La sacristine
L’infirmière

La communauté gouverne d'une certaine manière, tous les ans le conseil monastique se réunit pour établir les constitutions de la vie quotidienne, pour changer les législations aussi. Tous les ans c’était trop rapproché alors maintenant c’est tous les trois ans. Une réunion s'appelle « un chapitre ». Pour établir une constitution, il y a besoin de trois chapitres. Au premier chapitre on propose. Au deuxième chapitre on décide de garder ou non. Au troisième chapitre on ratifie. Entre chaque chapitre il y a donc un temps durant lequel les monastères testent ces décisions avant de les adopter pour de bon.