Angèle Marnot habite Labaroche. Elle travaille dans une fromagerie bio, elle est allée à Auroville en 2012 pendant trois semaines.

Auroville c’est une fondation. Les guest houses constituent un de leur revenus. La ville a été fondée en 1968 par Aurobindo et « Mère ». Ensemble iels voulaient créer une ville « parfaite », une ville où il y aurait l’harmonie. Aujourd’hui, il a 3000 Aurovillien·ne. A vérifier, mais il lui semble qu’il y a environ 60% d’indiens et les 40% qui restent se sont des gens qui viennent d’un peut partout. Angèle et ses ami·es étaient logé·es dans un guest house à New Création. Le coût de l’accueil servait à financer l’orphelinat.

La ville est construite de la manière suivante, au centre il y a la Matrimandir (dôme doré) qui est l’endroit de médiation, ressourcement, etc. A côté du Matrimandir il y a un espace plein air où il y a souvent des évènements de musiques. Ensuite le reste se construit en spirale qui divise la ville en plusieurs « zones ». L’architecture en spirale à été pensée par l’architecte du Matrimandir. C’est aussi symbolique de l’interdépendance de chacun et de l’évolution. Il y a une zone accueil des touristes, une zone agriculture et production de nourriture, une zone industrielle et recherches scientifiques (les chercheureuses d’Auroville se penchent beaucoup sur la question de la filtration de l’eau qui est un problème en Inde, iels mettent leurs compétences au service de la fondation). Il y a également une zone forestière. Sadama Forest est un espace de reforestation, il y a souvent des gens qui viennent y travailler de manière bénévole. Au début, Auroville s’est construite sur un désert. Les recherches sur l’eau servent pour les Aurovillien·nes mais aussi pour les villages alentours et d’autres endroits en Inde. La ville est en lien avec le gouvernement indien. Quelqu’un de chez eux est au gouvernement. Il y a beaucoup d’artisanat. Il y a un fond central. La fondation est organisée par des « gestionnaires ».

Les Aurovillien·nes ont des fonctions. Le travail est rémunéré mais les revenus sont directement remis en circulation à l’intérieur de la communauté. Il n’y a pas de travailleureuses extérieur·es, en revanche Auroville accueil de nombreux bénévoles (en échange de logement et de nourriture, les bénévoles fournissent un effort pour la ville). Il existe des circulations d’argent dans la ville, cependant tous les revenus vont à la fondation. Tout le monde a de quoi vivre mais pas de quoi s’enrichir. Il n’existe pas d’héritage non plus. Les entreprises n’ont pas le droit de faire des bénéfices personnels. De manière générale on ne produit pas plus que nécéssaire. Cela fait partis des règles d’Auroville. Il existe entre autre des règles pour la possession et la redistribution, pour le respect des lieux, pour l’écologie. Il n’y a pas trop de voitures qui circulent, ou alors qu'à certains endroits.

Les groupes de travail se renouvèlent. L’idéal qui est prôner est : « on a besoin de tout le monde ». La ville n’est pas finie, elle est évolutive et cherche à aller toujours plus près du but. Pour les travaux d’intérêts généraux (nettoyage, entretient, maintenance, etc) qui sont très peu valorisés dans notre société (voir considérés comme dégradant), Angèle explique qu’elle a vraiment sentie ce truc de « il y a de la place pour tout le monde ». Chacun·e exerce la fonction qui lui correspond. A Auroville un travail ce n’est pas un salaire, ni un moyen de s’enrichir, c’est un épanouissement personnel.

Auroville ne s’est pas construite sur un fond de croyance religieuse. C’est justement l’intérêt de l’expérimentation, faire vivre en harmonie des gens de différentes croyances, origines, etc.
Le fond spirituel c’est simplement désirer un nouveau type de société. Il n’y existe aucun fond religieux ni politique. La langue couramment utilisée est l’anglais.

Personne n’y est obligé de vivre pareil. Angèle parle de maisons qu’elle a vu et qui étaient manifestement plus grande, avec plus de pièces, plus travaillées sur un plan architectural. Elle ajoute que quelque part, elle trouve rassurant de voir cela, les plus grandes maisons c’est des gens qui sont arrivés avec plus d’argent.
C'est une manière de reconnaître les différences.
Cela tend à s’effacer car rien ne leur appartient. Une maison revient à la fondation, de même que n’importe quel bien.

Les conflits sont régulés par des groupes de gestionnaires. Des conférences, des débats sont organisés pour donner la parole aux habitant·es. Les décisions sont prises par les membres du comité directeur. Ces derniers sont élus. Il existe aussi un sous-comité. Il y a également un représentant de l’état. Les décisions sont prises avec lenteur le temps que tout le monde soit d’accord. Ces rôles ne sont pas considérés comme des métiers, ce sont des délégués. Le membres des comités ont d’autres activités au sein de la communauté. Les conflits sont régulés par les différents comités. Il y a un service de force de l'ordre et des policier·ères de l’état indien sont également présent·es. Mais il s’agit plus d’un système de discussion plutôt qu’un système de répression et de punition. La ville est ouverte, n’importe qui peut y entrer. Dans la gestion des conflits, il s'y pratique la communication non violente et la justice restaurative.

On lui a raconté que pour devenir Aurovillien il faut arriver en ayant de quoi vivre pendant un an pour ne pas être à la charge de la fondation. Le processus pour devenir un habitant permanent de la ville est long et nécessite un visa particulier.

Le but d’Auroville ce n’est pas de convaincre ou convertir, et c’est plutôt agréable d’après Angèle. L’intérêt ne réside pas tant dans la preuve mais déjà juste de le faire.