Pascale est enseignante et artiste. Elle a vécue dans un kibboutz de 2003 à 2006. Mais elle préfère parler de l’idée originelle des kibboutz car maintenant cela ne ressemble plus à des kibboutz.

Les kibboutz sont nés grâce à des grands mouvements yiddish sionistes qui ont fait du lobby pour l’installation de l’état d’Israël. Il y avait plusieurs projet d’installations, avant que Israël ne se fixe en Palestine. Il était question de la situer à côté de l’Angola, en terre du feu en Argentine également. Finalement, la Palestine s’est trouvée être une place plus stratégique (pétrole, gaz, et surtout c’était la terre sainte). Kibboutz en hébreu ça veut dire « groupement » ou « ensemble ». Le premier Kibboutz se nommait Degania (en français, le bleuet). Il a été mit en place par des juifs d’origine russe et polonaise se rattachant aux sionistes d’influence socialiste (Ha’poel Hatzaïr). Après Degania, d’autres kibboutz naissent et se répandent dès 1920. A l’origine, les kibboutz sont des villages ruraux orientés vers des activités agricoles. A partir de 1920, le partis travailliste juif (Achdut Ha’avoda) lance à son tour des kibboutz et développera leurs premières activités industrielles. Les deux partis Ha’poel Hatzaïr et Achdut Ha’avoda fusionnent en 1930 au sein du Mapaï (parti politique Israélien de gauche), réunissant en même temps les différents mouvements kibboutzim et de fait incite l’essor industriel des kibboutz. La tertiairisation des villages arrive à partir des années 60, 70 avec le tourisme, les services développant ainsi leur privatisation et hiérarchisation économique. Les villages ont pris un tournant libéral dès 1990 et ont renoncés au rôle révolutionnaire qui devait être à leurs origines, les logements y sont aujourd’hui privatisés.

D’après le registre des sociétés coopératives, le kibboutz est :
- Une communauté délibérément formée par ses membres, à vocation essentiellement agricole, où il n'existe pas de propriété privée et qui est censée pourvoir à tous les besoins de ses membres et de leurs familles. Le caractère principalement agricole est aujourd'hui largement dépassé.
- Une unité de peuplement dont les membres sont organisés en collectivité sur la base de la propriété commune des biens, préconisant le travail individuel, l'égalité entre tous et la coopération de tous les membres dans tous les domaines de la production, de la consommation et de l'éducation.
- Une organisation sioniste destinée à l'implantation de populations juives en terre d'Israël.

La ville kibboutz pouvaient ressembler parfois au Bauhaus (autre forme de communauté). Dans l’architecture de la ville, il y avait des sortes de mono-block comme des barres de cités. Tous les bâtiments se ressemblent. La ville suivait généralement le modèle suivant : au centre, les édifices communs (réfectoire, auditorium, bureaux, bibliothèque); autour, les jardins et les maisons des membres; un peut à part, les bâtiments et les équipements sportifs; en périphérie, les champs, les vergers et les bâtiments industriels.

Les décisions y sont prises par assemblées générales à la majorité. On s’y partage égalitairement droit et devoirs. La laïcité et égalité des sexes y sont revendiquées dès les débuts. Pour permettre aux femmes de travailler et de s’émanciper de la maternité, les enfants sont éduqués ensemble par la collectivité et non par leurs parents. Les travailleureuses extérieur·es sont salarié·es mais ielles n’ont pas le droit de vote. Les travailleureuses membres, ne sont pas salarié·es. La communauté fournit gratuitement et de façon strictement égalitaire les biens collectifs et les biens de consommation individuels. Aucune différence n'est faite selon le statut, la qualification ou le poste de travail des membres. Il s’y passe une activité économique collectiviste, tout est à tout le monde (pas d’entrepreneur privé par exemple). Des sommes modérées d’argent sont redistribuées égalitairement aux membres pour qu’ielles puissent aller et consommer librement dans le monde hors du kibboutz. Le kibboutz rejette le système du marché au profit d’une activité collective et collaborative.

Si le projet des kibboutzs à quand même résisté assez longtemps, c’est car il s’agissait de structures interne au pays, c’était des bulles socialistes à petites échelles. Il existe une interconnexion entre les différents kibboutz, chacun avait un peut sa spécialité, par exemple Yot Batta faisait tout ce qui était produit laitiers. Le projet pour chaque kibboutz c’était d’être un petit état indépendant à l’intérieur du pays. Il y avait une volonté de langue « universelle ». Tout le monde devait parler hébreux et même au début yiddish. Il y a avait des écoles pour apprendre. Les kibboutzim venaient des différentes cultures et donc ne parlaient pas toustes la même langue. L’hébreux était un bon entre deux entre le yiddish et l’arabe (que parlaient les juifs séfarades par exemple). Après la chute du mur, il y a eu très peut de résistance pour devenir capitaliste. Vivre aussi radicalement dans un kibboutz c’était une forme de renoncement à une vie matérielle plus simple, plus confortable. Les villes autour des kibboutz ne vivaient pas sur le même système et les kibboutzim étaient tout le temps confrontés à ces modes de vie capitalistes. Mais du coup, qu’est ce qui avait fait tenir la chose, qu’est e qui avait rendu ce renoncement acceptable.C’est l’intérêt idéologique. Les pionniers avaient l’opportunité de faire le pays comme ils avaient envie de le faire. Il s’avère que l’héroïsme des pionniers semblait plus facile que la persévérance actuelle. Un décalage générationnel se construit également. Les jeunes considèrent les kibboutz comme l’oeuvre de leurs ainés mais plus la leur. Après la « capitalistaion » certains kibboutz deviennent des mochavs.

L’exemple de Gvoulot :

Gvoulot est un kibboutz crée en 1943 par des gens arrivant de Roumanie et de Turquie dans le désert du Néguev en Israël. Il se rattache au Mapam (parti ouvrier unifié).

On y pratique un collectivisme tempéré par l’hygiène et les commodités élémentaires. Par exemple, le linge de corps, les montres, les habits ne sont pas interchangeables car. Chaque membre reçoit de la communauté les objets de nécessités (vêtements, chaussures, papier à lettre, cigarettes, couteaux de poche, savon, dentifrice, etc). Il suffit de signaler ses besoins pour se voir pourvoir du nécessaire.

Les tâches se répartissent du jour au lendemain et sont assignées par une commission de trois membres nommés·es pour quelques mois. Le principe, c’est qu’il n’y a pratiquement aucune fixité d’emploi, (récolte agricole, service au réfectoire, entretient, etc). Certaines tâches spécialisées sont (cordonnerie, coiffure, ouvrier des ateliers mécaniques, travail bureaucratique, etc).
Chacun·e travail 8 heures par jour.
Le réveil sonne à 4h30.
A 5h les engins agricoles commencent à chercher les exploitants du jour. Le travail commence.
A 8h il y a un grand moment de pause pour prendre le petit déjeuné.
Le repas peut se prendre librement entre 12h et 13h30. Le travail reprend ensuite jusqu’a ce que les huit heures de travail soient remplies.
A 15h de manière générale tout est terminé et chacun·e dispose de son après midi librement.

L’idéal commun (dépossession individuelle, collectivisme) véhiculé par les Kibboutz est acceptable pour ces membres car ielles sont en rupture totale avec les systèmes totalitaires qui les ont stigmatisés. Les kibboutz se sont donc construit sur l’envers des sociétés qu’ils fuyaient.

Pour le Mapaï, l’oeuvre des kibboutz est transitoire, les pionniers ont ouvert la voix. Il faut en quelque sorte que les kibboutz vivent avec leur temps et s’adapte à la modernité. Cela donne naissance aux Moshavim qui sont des villages ruraux qui pratique un collectivisme moins strict. Pour le Mapam, le kibboutz représente une valeur exemplaire, une valeur en soi qu’il faut perpétuer et dont il faut veiller à établir la permanence.

Si l’argent suscite un désintérêt individuel, il n’en reste pas moins nécessaire. D’ailleurs à ses commencements, ils étaient soutenus par des subventions du Fond National Juif. Il s’agit d’équilibrer les recettes et les dépenses pour veiller à l’indépendance financière du kibboutz. A Gvoulot par exemple, une entremise avec une société coopérative leur fournit en échange les denrées et les marchandises nécessaire. Ce qui réduit la circulation monétaire.